Entrée01

J-1
Le grand départ est pour demain, je suis prête et à la fois pas du tout. Quand on doit partir, on a toujours l’impression d’oublier quelque chose. Mes valises sont pleines à craquer, j’ai même un peu trop de poids mais j’ai quand même la sensation d’avoir bien trop peu. C’est aussi ma dernière nuit avec Pégase, mon amour de chat depuis 4 ans et demi, car je le laisse dans son calme au milieu des vignes le temps de trouver sa future maison de l’autre côté de l’Atlantique. C’est un petit chat stressé, à l’image de sa maitresse alors je veux lui éviter le stress de l’incertitude et de l’installation. Dernière nuit avec les parents, j’ai dit au revoir à Quentin, à Solène et au reste de la famille au gré des semaines qui ont précédé le grand départ. Ce n’est qu’un au revoir, mais quand même. Ce sera une très courte nuit, veille de vol, de si grands enjeux, au moins le vol passera plus vite si je m’écroule de sommeil.

Le grand départ
Lever très tôt pour arriver à l’aéroport de Bordeaux à l’heure. Je fais un dernier câlin à ma Blanchette qui ne réalise rien de ce qu’il se passe (et tant mieux) et c’est parti. L’aéroport de Bordeaux est tout petit alors tout va très vite. Contrairement à ce que je pensais, la madre garde le cap et reste forte pendant que je passe les portiques de la sécurité en faisant de grands au revoir à mes parents, chez qui je squattais depuis 2 mois et demi. Ca va faire tout drôle cette brusque séparation. Pas besoin de vous dire que moi j’avais les yeux tous mouillés quand j’ai passé la sécurité un peu gênée.
Vol Bordeaux-Paris court et tranquille, correspondance à Paris un peu longue, d’autant que mon avion a été retardé et a même changé de porte d’embarquement. Quel bazar ! Imaginez une centaine de gugusses qui se pressent tous ensemble pour rejoindre l’opposé du hall afin de rejoindre leur nouvelle porte d’embarquement à l’heure. Dans ces moments là, sachez que l’aéroport de Paris semble géant.
Paris-Montréal a été super calme malgré mon stress d’avoir un vol archi mouvementé à cause des orages et pluies des derniers jours. Ca se résume à : regarder un film - dormir - regarder un autre film - dormir - finir par jouer au solitaire jusqu’à l’atterrissage. Au milieu de tout ça j’ai mangé un plateau repas tout à fait dégueu (plus jamais je demande un repas spécial, le repas de ma voisine avait l’air mille fois meilleur).
A Montréal je retrouve Pauline à la douane qui m’attend avec le précieux sésame (arrivée 3h avant moi, elle a déjà pu passer l’immigration et obtenir son PVT). De rapides retrouvailles avant qu’on aille attendre à l’immigration pour que, moi aussi, je reparte avec mon fameux PVT. Attente finalement très courte puisqu’une heure trente plus tard je ressors de la salle avec mon joli PVT en main. C’est enfin concrètement le début d’une nouvelle vie ! Et l’aboutissement d’un désir de longue date.
Avec nos quarante mille valises (6 en vérité), on prend la route du premier airbnb en Uber XL, y’a plus de valises que d’humains dans cette voiture mais on apprécie le paysage en réalisant que c’est notre nouvelle « maison ».

Premier jour
On a sombré assez vite la veille et aujourd’hui on s’attaque aux démarches administratives. Eh oui, on est pas ici en voyage alors y’a des priorités ! On visitera la ville plus tard. Direction la place d’Armes pour obtenir nos numéros NAS puis dans la foulé ce sera rendez-vous à la banque pour ouvrir nos comptes canadiens. En plus, fantastique, ici avec leur système préhistorique, on a une carte de débit + une carte de crédit. J’ai désormais 5 cartes bancaires, normal. J’ai aussi bien le seum car « travailleur autonome » (indépendant) avec des clients français ça compte pas pour eux, je suis donc RAVIE d’être inscrite à la banque comme « chômeuse » et d’avoir le minimum de crédit alloué. Concrètement j’ai de l’argent mais j’ai pas le droit de l’utiliser. Vive leur système. En vrai je peux l’utiliser avec ma carte de débit mais on y reviendra un jour à leur système, si je n’utilise pas ma carte de crédit, je n’améliore pas mon historique de crédit et ça dans la vie canadienne ça veut dire que j’ai le droit de rien faire. (Cette absence d’historique de crédit nous a bien embêtées plus d’une fois durant nos recherches d’appartement).
Après ça, on profite juste du reste de la journée pour se balader un peu dans Downtown, et on fait nos premières courses à Provigo sans savoir que c’est un des supermarchés les plus chers. Mais croyez bien qu’on l’a senti passer à la caisse. Pour les curieux, Provigo c'est un genre de Monoprix pour nous quand l'équivalent de leur Carrefour coûte déjà les courses de Monoprix, voilà. Voyez la photo, tout ça nous a couté environ 90€ alors qu'on a quasi rien à manger, va falloir s'adapter !

Première semaine
La semaine qui suit, c’est un enchainement de visites d’appartements et de recherches sur les différents sites d’annonces canadiens. En parallèle, je croule sous le travail pour rattraper ma semaine de « vacances » qui tombait super mal au milieu de mes contrats et Pauline passe déjà un entretien pour travailler dans son domaine ici à Montréal. On visite des belles choses, des moins belles choses, on découvre les quartiers au gré de nos visites. Y’en a des biens, y’en a des pourris. On découvre ici une façon de faire inhabituelle pour nous petites françaises : la location avant fin de construction. On visite des appartements dans des immeubles littéralement en cours de construction. Ca décontenance et ça fait un peu peur. Malgré nous on a quand même un appart qui nous charme même si raisonnablement 1- c’est risqué d’emménager dans un immeuble non fini, 2- il est objectivement trop cher. (Nous découvrirons 2 mois plus tard que l'immeuble n'est toujours pas finalisé, OUF) Downtown plait beaucoup à Pauline, moi un peu moins. J'aime ce à quoi on a accès et l'ambiance "ville qui bouge", j'aime moins la population qui s'y trouve et la proprété qu'il y règne. À défaut de visiter la ville comme des touristes, on profite de temps en temps d’un petit restau ou d’un petit café par-ci, par là. On apprend qu’en France, vous faites face à une vague de chaleur. Nous à Montréal on a sorti les manteaux de ski et les bonnets, il fait un temps d’hiver européen. Est-ce qu’on questionne nos choix de vie ? Moi, un peu, je l’avoue !

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Premier mois
Ca fait un mois qu’on est là et je désespère un peu. On nous dit que ça prend du temps, qu’il ne faut pas se décourager mais c’est long. On a visité des dizaines d’appartements. Soit on est trop compliquées, soit on est totalement déconnectées de la réalité du marché. 1 mois de airbnb c’est lourd. D’autant que le dernier en date c’est vraiment un quartier POURRI. Peu de photos à montrer de cette période car ma pellicule est remplie de photos d’appartements (et pas grand chose d'autre). On s’enlise dans un rythme routinier où finalement on ne visite rien si ce n’est les quartiers dans lesquels on visite des appartements. C'est métro-boulot-visites d'appartement-dodo sans fin.
Suivant les jours, on alterne entre du grand soleil ou de la neige (oui on a vraiment eu de la neige fin avril), j’ai du mal à m’habituer à ces différences d’un jour à l’autre et au final je ne sais jamais comment m’habiller. C’est super frustrant !
On pensait avoir trouvé LA pépite, bien qu’un peu cher (notre budget max) pour le 1er mai. Mais après lecture de notre tout premier bail canadien, j’ai fait une marche arrière brutale et ai demandé à Pauline de ne pas nous engager sur cet appartement. Il y avait trop de non dits, trop de choses imposées (dont certaines illégales) et l’appartement en lui-même n’était pas optimal en terme de luminosité et de vue. Le contrecoup est un peu violent, on a l’impression qu’on ne trouvera plus jamais d’appartement. On a surtout l'impression d'être revenues à la case départ. Et moi je croule sous le travail en France mais je n'ai aucune réponse ici à Montréal.
Pauline a commencé le travail très rapidement, un entretien = un job, ça renforce ce stress généré par l'absence de réponse à mes propres candidatures.
Heureusement il nous arrive quand même de nous octroyer un petit temps pour décompresser. On a pu (re)découvrir le Vieux Montréal et le port où on a passé une journée ensoleillée et agréable. On a pu aussi découvrir le marché Atwater et le canal Lachine, pareil, journée hyper ensoleillée et ce marché aux allures de marché français (avec boulangerie, boucherie et fromagerie qui nous faisaient hyper envie) nous a presque mis la larme à l’oeil.
Comme je l’ai dit, ça fait un mois qu’on est en airbnb, financièrement c’est lourd et un ami nous a proposé de nous loger le temps de trouver un logement. C’est une solution qu’on ne peut refuser, surtout vu notre quartier actuel. Croyez-moi, je n’ai aucune envie de prolonger mon séjour dans ce genre de quartier.
Y'a quand même une expérience de dingue que je retiens durant cette période à Milton Parc (le quartier pourri ambiance la colline du crack), c'est cette fameuse nuit où des aurores boréales sont apparues un peu partout (dont chez vous en France les petits coquins). Voir des aurores boréales c'était aussi sur ma bucket list, je suis même allée en Islande et me suis gelée les miches dans l'espoir d'en voir à 3h du matin au milieu de rien et du noir. Et finalement c'est en plein Montréal, entourée de petits groupes et de personnes seules, par une nuit pas du tout noire et englobée par les lumières de la ville que j'ai pu voir avec émotion des aurores boréales, dans le parc Jeanne Mance. Ah, ça, ce soir là j'étais heureuse !
En parallèle on avance sur les démarches pour l’appartement près du marché Atwater, il ne nous transcende pas, mais après un mois de recherches, c’est le choix « raisonnable » même si je sens Pauline peu emballée. Elle n’ose pas dire non mais en même temps, j’ai moi-même dit non 15 jours plus tôt alors je lui dis qu’elle en a le droit et que je ne lui en voudrai pas. Apparemment c’est plus facile pour moi de dire non !
A ce moment là, on a un peu élargi notre champ de recherches et commencé à écrire à des appartements dans de nouveaux quartiers qu’on avait écartés à la base. C’est donc comme ça que le jour où j’envoie notre dossier pour l’appartement vers le marché Atwater, à Saint-Henri plus précisément, j’écris également à un appartement qui semble bien, sur la ligne verte, mais plus loin que prévu à l’origine, quartier Préfontaine. La propriétaire est réactive, j’ai une visite demain. Bien, ça permettra de comparer directement à celui qu’on est « censées » potentiellement signer.
Malgré mon manque de conviction le jour de la visite (à force d’écrire à soixante mille apparts, j’ai oublié le prix et les caractéristiques de l'appartement, manque de bol, l’annonce a déjà été désactivée), je me force à me rendre dans ce nouveau quartier. Avec surprise, je découvre un quartier charmant, très propre avec toutes les commodités à proximité immédiate de l’appartement. Finalement, il est stratégiquement bien placé, au calme mais à 15min en métro de Downtown, et à 25min à pied des 3 axes commerçants principaux : promenade Ontario (quartier Hochelaga), promenade Masson (quartier Rosemont) et avenue Mont-Royal (autrement dit : le plateau)
L’appartement est grand et très beau, on passera 1h30 chez eux avant de ressortir et de sceller en un regard notre ressenti commun : cet appartement est un vrai coup de coeur.

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Week-end en Mauricie
On pourrait croire que d’avoir eu ce coup de coeur pour l’appartement nous a libérées et nous a rendues plus légères. Absolument pas, c’est 1 semaine de stress à penser que l’appartement ne nous reviendrait pas qui en a découlé. Heureusement, le week-end qui suit cette visite, on a notre premier week-end en chalet d’organisé. C’est la première fois depuis notre arrivée que l’on quitte Montréal. C’est Rémi&Anne qui ont lancé l’organisation de ce week-end, prévu déjà 2 mois avant notre arrivée. Rémi pour ceux qui ne savent pas, c’est mon meilleur ami depuis 25 ans, oui je n’ai que 31 ans et oui vos calculs sont bons.
Qui aurait pu croire à l’époque qu’un jour nous nous retrouverions de l’autre côté de l’Atlantique, au Canada. Lui n’habite pas Montréal mais Québec, et là où nous partons tous les 4, c’est pile à mi-distance entre Montréal et Québec : en Mauricie. rien que le nom est joli. C’est aussi la toute première fois que je conduis au Canada. Eh oui, j’ai arpenté les états américains mais je n’ai jamais touché un volant au Canada. C’est donc avec une petite appréhension que je prends la route pour la première fois à 22h30 pour aller chercher Pauline au travail et partir directement vers notre chalet pour 3 jours. Quelle idée merveilleuse !
Vous devez savoir une chose sur le printemps canadien : il n’a aucun sens et vous devez être préparés à toute éventualité, un peu comme dans le pays basque (avec option neige).
C’est donc dans la joie et la bonne humeur que prenons la route, de nuit, par un ciel calme et dégagé. J’ai tellement pris la confiance que pour la première fois de ma vie … je me fais flasher. 45min après avoir pris la route, je suis aveuglée par un flash et je le prends fort mal. Il fallait que je sois au Canada pour me faire flasher ! J’étais tellement persuadée qu’ils n’avaient pas de radar (comme aux US où globalement, les radars n’existent pas) que je suis super vexée par cet évènement. Ici il y a très très peu de radars... mais 80% d'entre eux sont dans la région de Montréal et au Québec plus généralement. (À date je n’ai toujours pas reçu de contravention donc peut-être que dans ma malchance, le fait d’avoir une voiture à gauche m’a sauvée de la prune).
Mais s’il n’y avait que ça … environ 1h avant la fin du trajet, le déluge commence. A ce moment là je suis déjà fatiguée et je lutte pour arriver au bout du trajet. Mais la pluie est de plus en plus forte, on y voit rien et la route est très mal conçue pour ce type de pluie : on commence à sentir la voiture résister sur la route car il y a plusieurs centimètres d’eau sur le bitume. Bah voilà, maintenant j’ai une voiture amphibie, j’avais bien besoin de ça à 1h du mat’ !
Je ne l’admettrai que le lendemain mais cette dernière heure a été super longue, il m’a fallu beaucoup de concentration pour dépasser la vision tunnel qui rendait la conduite super éprouvante. Mais au moins j'ai vu des dizaines de grenouilles sur la route, si y'a bien un truc au Canada, c'est qu'on voit de la faune partout, nature peinture le pays !
Est-ce que l’histoire s’arrête là ? On arrive au chalet et on va dormir après une bonne douche bien chaude pour se détendre ? Pas du tout sinon ce n’est pas drôle.
Après effectivement une bonne douche bien chaude, je m’endors bienheureuse dans le lit. Pauline me rejoint seulement plus tard, après sa propre douche bien chaude. Et c’est dans un demi-sommeil que je l’entends me dire « j’ai l’impression qu’un truc me marche dessus ». J’ai fait le plus grand bon de toute mon existence (alors que j’étais endormie rappelez vous) quand Pauline m’a dit le plus contenue possible « y’avait une araignée sur moi, sors du lit".
C’est donc à 3h du mat’ qu’on se retrouve à batailler car l’araignée est au milieu du lit mais il est hors de question que j’y touche et Pauline refuse de l’écraser sur les draps. Heureusement elle a sauvé la situation et j’étais ultra reposée le lendemain quand on a enfin pu retrouver réellement Rémi&Anne.

Ce samedi se partage entre brunch à la canadienne (bacon, oeufs brouillés, café, jus de fruits, pancakes, ou plutôt « pancrepes » comme on les a renommés, et tout ce qui va bien avec). Il est presque 15h quand on se décide à aller faire un tour dans la réserve pas loin du chalet. Ca nous laisse tout de même le temps de faire une jolie balade dans la forêt pour rejoindre une cascade que l'on peut escalader dans la joie et la bonne humeur (tout en donnant un très mauvais exemples aux quelques enfants arrivés pendant notre ascension) et de reprendre la voiture pour nous enfoncer encore plus dans la réserve afin de voir un grand lac « comme les plages du sud de la France » d’après la femme Ranger à l’entrée. On est tous les quatre d’accord pour dire que cette dame n’a jamais mis un pied dans le sud de la France depuis qu’on a vu son lac. Après un tour dans le camping du lac, il est temps de rentrer profiter du jacuzzi avant le diner. Eh ouais, c’est un chalet avec jacuzzi au bord de la rivière. Jugez les photos par vous-même, c’est plutôt sympa. Cette soirée s’annonce bien mais on est pas au bout de nos problèmes … Rémi lance les frites pendant que le barbecue chauffe : ce soir c’est burgers+frites. Rappelez-vous, ce matin on a fait du bacon et la cuisine est très peu équipée, ce qui veut dire qu’on a fait ça sur une feuille d’alu. Sans réaliser qu’on a oublié de nettoyer toute la graisse tombée en bas, on laisse les frites faire leur vie. La graisse chauffe, brûle, crame même. On s’en rend compte trop tard et voilà de la fumée acide qui pique les yeux partout dans le chalet. On déclenche même l’alarme incendie. Imaginez des canards sans tête, c’est nous en train de courir partout pour ouvrir toutes les fenêtres et trouver l’alarme pour la désactiver. Bref, notre soirée finit bien mais on est toujours un peu attaqués des poumons par notre fumée dégueu. Nous apprécierons grandement le réveil le lendemain matin avec les poumons pris comme des fumeurs en lendemain de soirée.

Dimanche on fait plus attention au moment de la préparation du brunch et on prend des forces en petit déjeunant copieusement avant la randonnée de la journée (mais tranquille quand même) On prépare nos pic nics et c’est parti pour le parc de la Mauricie. La randonnée est sympathique, elle monte beaucoup au début et la chaleur nous assomme un peu, on se dit quand même que c’est pas si tranquille que ça. Mais finalement, une fois passé ce début un peu dur, le reste est plutôt tranquille. A l’ombre des arbres, on profite du paysage et la randonnée au grand air fait vraiment du bien. Ca permet de discuter de tout et de rien tout en faisant un peu d’exercice. Le picnic au bord du lac fait vraiment du bien par cette chaleur, Anne&moi on mange les pieds dans l’eau, Pauline, elle, mange en faisant des cercles sur toute la zone de picnic car on est envahis par les moustiques et les brulots. Les brulots c’est une découverte d’ici, c’est une sale mouche avec une tête de Popeye qui mord au lieu de piquer. Ca ne se sent pas trop mais après on a une morsure sur la peau, c’est ni hyper agréable, ni hyper esthétique.
On rentre de notre randonnée hyper satisfaits et on profite de ce temps calme à vaquer à nos occupations avant le diner : sieste, jaccuzzi, lecture, y'en a pour tous les goûts (même si on est que 4)
Le dîner, nouvelle grande experience. J'vous annonce la couleur, on a failli foutre le feu au chalet. Tout commence avec un barbecue très mal entretenu tout en étant de bien piètre qualité. Alors que Pauline et Anne sont intenables à glousser autour du brasero (oui on a fait les choses bien pour cette dernière soirée), je suis avec Rémi pendant qu'il s'occupe du barbecue. Les flammes sont contenues, tout cuit tranquillement. J'ai à peine le temps d'aller chercher un pot de sauce dans la cuisine qu'en revenant je fais face à des flammes si grandes que je ne comprends pas ce qu'il se passe. J'entends les filles hurler et je vois Rémi se précipiter dans le chalet et revenir avec un extincteur dont je ne connaissais même pas l'existence. Le problème c'est que l'extincteur va ruiner la bouffe, on a pas de plan B et on est au milieu de nul part. Rémi voit le feu se calmer, on se dit qu'il va s'éteindre mais j'exige que tout le monde s'éloigne : c'est un barbecue au gaz et sur quoi est tombée la grille enflammée ? Dans le mille, la bouteille de gaz. Au final plus de peur que mal, mais une petite remarque à faire au proprio du chalet sur son barbecue dangereux. Trop de graisse sur une plaque mal taillée, ça donne un feu de graisse et la plaque qui tombe en se tordant sous la chaleur...
Je vous rassure après ça on a passé une super dernière soirée et ça a été presque triste de déjà se séparer le lendemain en fin de matinée.
La conclusion de ce week-end c'est que j'ai pu revoir mon meilleur ami (après 6 ans), rencontrer enfin physiquement Anne et surtout leur présenter Pauline. Ajoutez à tout ça tous les conseils que ces désormais résidents permanents (et propriétaires à Québec) ont pu nous donner, on retourne à Montréal ressourcées, rassurées et informées !

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L’auberge espagnole
3 semaines de coloc à Rosemont pour arrêter l’itinérance en airbnb (et les frais astronomiques), c’est chez Jalil&Lucas qu’on pose nos valises temporairement dans leur salon. Merci à eux pour leur accueil mais ce n’est pas facile à 31 ans de redonner dans la coloc, surtout que, ceux qui me connaissent depuis longtemps, vous savez d’expérience que ce n’est pas mon point fort. "La coloc, plus jamais !" J’avais dit. Mais cas de force majeure, après m’avoir gentiment proposé plusieurs fois, j’ai accepté sa proposition. Jalil c’est un ancien élève devenu ami, j’ai un peu l’impression d’avoir bouclé la boucle avec Raphael mon ancien prof devenu ami. Sauf que Raphael n’a pas dormi dans mon salon !
En tout cas la coloc avec 2 mecs, c’est un rythme à prendre et malgré leurs avertissements « toute façon on sort jamais de nos chambres, vous nous verrez jamais » c’est un rythme sympathique et bon enfant qu’on prend avec le temps. Le travail est là mais de loin car je cherche aussi du travail ici, à Montréal (c’est une partie importante de l’expérience pour moi) et je passe de plus en plus de temps avec Lucas, le fameux coloc que je ne connaissais pas. On se promène, je le convertis à Secret Story qui devient notre rituel quotidien quand ça sort en replay vers 13h heure canadienne, la vie commence à être plus douce. Il me traine à Verdun où on mange un wrap au poulet chez "Jack le coq" que j'ai gracieusement renommé "Jack Poulet" quand je cherchais son nom récemment. On va se balader vers Beaubien (autre quartier avec un axe commerçant sympa) où on trouve le moyen de visiter notre première armurerie. C’est vrai que jusqu’à présent, avec Pauline qui a trouvé très rapidement du travail ici -et dans son domaine en plus !-, c’était compliqué les journées dans des airbnb où je ne me sentais pas chez moi et plutôt seule. Bon, je vous rassure, je ne me sens pas plus chez moi ici, forcément, mais au moins j’ai de la compagnie !
Y'a juste Radio Québec qui vient casser ma tranquilité tous les matins (et une partie de la journée). Radio Québec c'est le duo de voisins un peu bizarres et un peu séniles avec leur husky obèse. Quand ils viennent devant ma fenêtre à 7h du mat en faisant "baaaaaazuuuuuuu" sur la terrasse partagée, dieu sait que j'ai envie de leur casser le nez.
Leur chien ingérable a même défoncé la poubelle de la cuisine un après-midi où tout le monde était dans son coin. Photo à l'appui ci-dessous (et il était content de sa connerie en plus!)
C'est sur cette fin de coloc qu'on fait également nos premiers gros achats pour l'appartement avec Pauline. On se fait donc des sorties Ikea -on a pu tester les boulettes en récompense après 4h dans le magasin, oui oui- mais quel plaisir de choisir nos nouveaux meubles ! C'est officiel, on a vraiment hâte d'emménager chez nous et de retrouver notre rythme à nous.

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L’emménagement
C’est enfin le 1er juin et ça signifie que l’on déménage ! On quitte notre joyeuse auberge espagnole (c’était hyper cool et on a été très bien inclues mais on est quand même bien contentes d’avoir enfin notre propre chambre)
Pour l’occasion on loue un pick-up U-Haul de dernière minute et Lucas nous aide à tout charger comme des gitanes. Dommage pour vous j’ai oublié de prendre une photo, mais toutes nos valises + tous nos premiers achats étaient en vrac à l’arrière du pick-up, c’était un « déménagement » folklo ! J'ai conduit mon premier pick-up, que de premières fois ici !
Le proprio nous fait un peu galérer avec les clés et en parallèle je dois gérer les livreurs Ikea qui ont décidé de venir à 13h30 alors que le créneau était 17h-21h. Si y’a bien un truc qui ne change pas c’est les livreurs relou…! En ce 1er juin il fait une chaleur à crever. Mais enfin, on a les clés, on est "chez nous" et on peut souffler. On a même reçu le canapé (posé par deux livreurs qui faisaient la gueule vu que je les avais fait patienter 4h avant de les laisser faire leur livraison)
Clairement cet emménagement est sommaire : le minimum syndical de vaisselle, un matelas, un canapé, un meuble télé et une commode (sans oublier une lampe). Mais bordel on est chez nous ! On l'a fait. Une petite pointe de soulagement saupoudrée d'un soupçon de fierté. Ca y'est, les galères sont finies, la nouvelle vie peut vraiment commencer.
Ce soir là on est tellement excitées qu'on monte les meubles jusqu'à 3h du mat'.

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Nouveau rythme
Après un peu plus d'un mois et demi sans avoir d'endroit fixe, de chez nous et une certaine sensation de sécurité, j'ai du mal à réaliser que "ça y'est". On peut enfin souffler. L'appartement est quasi vide et j'ai l'impression qu'il faut tout meubler très vite, je ne me laisse pas le temps d'apprécier cette première victoire et ça reste fatiguant les premiers jours.
Pauline prend son nouveau rythme, le travail continue au même endroit pour elle mais maintenant qu'on habite chez nous, son trajet est raccourci de moitié. Cela rend ses journées beaucoup moins fatiguantes, même si elles restent éprouvantes, de par son métier et le public auquel elle s'expose. Moi je recommence enfin à postuler dans différentes agences/entreprises. Maintenant que la case "appartement" est cochée, j'ai l'esprit plus léger et je peux enfin me concentrer sur cette nouvelle partie. C'est assez compliqué, des annonces il y en a mais pas tant, beaucoup dans le jeu vidéo, domaine que je ne maitrise pas du tout (en plus de ne pas spécialement l'apprécier) ou alors ailleurs qu'à Montréal ou en 100% remote via des entreprises americaines ... pas vraiment ce que je souhaite, donc. Mais au milieu de mes candidatures, je ferre une entreprise, je passe avec eux mon premier entretien, puis un deuxième. À mon grand regret, je n'atteindrai pas la troisième et dernière étape, un autre profil ayant plus d'expérience que moi. Mais au moins, ça me redonne de la motivation et j'ai passé un premier process de recrutement ici à Montréal. Ca finira par aboutir et ça m'a fait un entrainement.
On prend aussi nos marques dans un nouvel environnement. Le quartier est super cool, à chaque sortie je découvre une nouvelle rue, un nouveau petit endroit ou quelque chose qui me fait dire que ce quartier est vraiment bien. De temps en temps je sors travailler avec des gens d'e-art qui sont venus s'installer au Canada. Croyez-moi, on pourrait ouvrir une nouvelle école ici tellement on est nombreux à Montréal et ses alentours. Après presque 2 mois et demi ici, je n'ai toujours pas trouvé/pris le temps de monter à Mont-Royal, vraiment c'est particulier de s'installer dans une ville qu'on a visité comme une touriste par le passé.
Mais je parcours les quartiers, les uns après les autres au gré des occasions. Finalement y'a vraiment plein d'endroits sympa, Little Italy, qui est très jolie avec plein de petites épiceries et cafés, Beaubien et ses magasins de cartes que j'affectionne particulièrement (comme une grosse geek), le parc Lafontaine où il fait bon aller se poser lors d'un après-midi ensoleillé. Même Downtown, je suis contente d'y retourner à l'occasion, maintenant que je n'y passe plus toutes mes journées et qu'il fait particulièrement beau. En plus, Montréal est une ville très estivale et la ville se remplit de nombreux événements et festivals dès que les beaux jours arrivent ce qui rend le quotidien encore plus plaisant.

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Le parc Oméga et Montebello
Week-end d'anniversaire, il fallait marquer un minimum le coup et faire un truc sympa. Le problème c'est que Pauline travaille le samedi et a son week-end en décalé. Ici, il n'y a pas vraiment de possibilité de prendre des jours donc j'ai du faire avec seulement 48h à disposition et moi prendre mon lundi. Les visites de grandes villes un peu plus loin attendront un peu (je pense notamment à Ottawa, Toronto ou même Québec).
Pour cette fois, direction le parc Oméga ! A 1h30 de Montréal, c'est idéal pour passer la journée au grand air, avoir l'impression de vraiment déconnecter sans pour autant aller très très loin. Pauline comprend où on part la veille du départ, elle semble vraiment contente d'y aller et s'est vite assurée qu'on avait le plein de carottes.
Après un réveil aux aurores (6h c'est trop tôt, oui oui), je récupère la voiture de location -prise via Turo, je recommande, pas cher et pratique !- et on se met en route pour le parc.
Ca commence fort dès le début ! Dès le premier portail, les bambis s'agglutinent devant les fenêtres, nous empêchant de passer. Pauline rit beaucoup, elle avait un peu peur mais maintenant qu'ils sont là, elle est comme tout le monde : ravie et à fond. Bon, dès le départ, on a un excité du bocal qui refuse de partager ses carottes et fout un grand coup de sabot dans la voiture. Ca nous froisse un peu et on part très vite, croyez moi qu'après ça, on a été vigilantes toute la journée.
On ralentit quand même au gré des cervidés que l'on croise. Ils viennent pour les carottes mais ils restent un peu sauvages, vous verriez les mouvements de recul quand on veut les caresser alors qu'ils viennent de bouffer notre carotte...
On suit méticuleusement le plan que la ranger nous a donné, on s'arrête à tous les points d'intérêts, il fait beau, chaud mais pas trop, il y a peu de monde, vraiment une journée idéale pour ce parc. On voit des renards arctiques, des loups, des ours, des bisons, des sangliers, des castors et j'en passe. Mon seul regret ? J'ai pas croisé de raton-laveur, décidémment je ne vais jamais réussir à en voir.
Même les animaux "en cage" semblent bien à l'aise avec la place qu'il leur faut et on les voit bouger, jouer avec leur copains (ou dormir pour ceux qui ont trop chaud), globalement on sent qu'ils sont bien car avec ce temps, y'a plein "d'enclos" où on a juste rien vu car ils étaient planqués, retranchés bien loin dans leur forêt.
Après une matinée bien remplie, pause méritée sur la zone 11 où l'on peut picniquer, visiter le magasin de souvenirs, acheter une crème glacée (c'était la première glace molle de Pauline) et même aller visiter une ferme d'antan. Elle me fait donc prendre l'espèce de tracteur-bus qui nous mène à la ferme où l'on peut voir des anes, des poules, des lapins, chèvres et autres veaux. Il y a surtout des enfants là bas mais au moins on a tout vu !
On profite de cette zone pour aller voir les loups, on entend même qu'il y a eu des petits... mais vous vous doutez qu'on ne les a pas vus. Un loup est quand même venu nous voir, curieux, et aussi parce que quelqu'un lui lançait des pommes. J'aurais jamais cru voir un loup manger des pommes.
On finit notre tour de la zone par les ponts suspendus, comme un genre d'acrobranche avec juste des ponts et pas de harnais. Autant dire qu'à ce moment là, tu pries pour que le pont ne lâche pas. Puis il est déjà temps de reprendre le reste du parcours. Finalement il se fait assez vite car dans pas mal d'endroits on ne voit juste rien. Les orignaux et caribous sont retranchés quelque part et à force, les cervidés on a donné. On prend quand même le temps de finir nos carottes avec les quelques cerfs (un peu impressionnants avec leurs bois) qui viennent quémander à la fenêtre.
C'est sur cette fin de parcours qu'on s'emerveille devant les ours (qui jouent entre eux ou réflechissent au sens de la vie) mais qu'on croise aussi beaucoup de sangliers et marcassins qui trainent ici pour récupérer les surplus de carottes lancés par les visiteurs.

Après cette excursion, c'est l'heure de découvrir le château Fairmont, institution de la région où tous viennent pour se promener dans les jardins, prendre un verre dans l'énorme salle commune ou juste se prélasser au bord de la rivière (avec vue sur l'Ontario de l'autre côté). Nous y passons la nuit, après tout, c'est pour l'anniversaire de Pauline et on avait bien besoin de déconnecter de Montréal et tous ses soucis (que c'est lourd de changer de vie). La chambre est mignonne, très typique "chalet" mais dans un grand chateau. Tout l'intérieur fait très chalet mais version XXL en vérité. On prend le temps de se poser un peu, on descend boire un verre devant l'énorme cheminée (non allumée bien entendu vu la saison) mais il fait super froid dans le lobby. C'est vraiment un truc Nord Américain ça, on cuit dehors, on a froid dedans.
Notre problème majeur à ce moment là, c'est que la carte de l'hôtel ne nous plait pas la masse et que finalement Montebello c'est tout petit. Et y'a un truc que vous ne savez pas ici, c'est que les gens "soupent" et ils soupent TÔT. Généralement les gens mangent vers 18h-19h donc en fait les restau ferment souvent à 20h voire 21h quand on a de la chance. Le choix étant déjà restreint en ce dimanche soir, il l'est d'autant plus qu'il est déjà 19h passées quand on se décide à manger. Heureusement la ville est tout petite et les restaurants sont tous les uns à côté des autres sur la même "route". On passe donc devant, on se fait notre avis et notre choix se porte sur un italien qui ne paye pas de mine mais semble avoir très bonne réputation.
J'vous le dis, dedans c'est kitsch et le serveur adore parler, parler, parler. (et faire des blagues bizarres) mais franchement, on mange un truc sympa, on est tranquille, c'est tout ce qu'on demande. Une fois sur le retour à l'hôtel, on est vraiment contentes de notre journée et on a hâte de dormir dans un lit d'hôtel avec plein de coussins, un matelas tout mou et surtout très haut sur pied (oui on a toujours pas de sommier à la maison, y'en a marre de dormir par terre!)
Après une nuit reposante et calme, on sait que le retour arrive mais on profite tout d'abord d'un super petit déjeuner buffet dans la salle de reception, au rez de jardin, la vue est jolie, on voit une fontaine, le buffet est super bon, bref, on passe un très bon début de journée. Puis il est temps de rendre la chambre avant d'aller se promener dans les jardins, on passe voir le manoir Papineau (qui paraissait plus impressionnant et plus loin) finalement, on a le temps de faire tout le parcours du manoir en moins d'une heure alors que sur la carte ça paraissait faire 4km de long.
On profite de la fin du parcours dans Montebello pour visiter Chocomotive, une chocolaterie très connue et justement basée ici. Mais bon, comme on n'est pas très chocolat, on regarde juste avec les yeux et on achète pas grand chose.
Un dernier petit détour par Papineauville pour voir le cadran du 40eme méridien. On s'attendait à un grand parc avec de quoi se balader un peu mais en fait c'est juste le fameux cadran, au bord de la route, entouré de 3 bosquets de fleurs et un mini parking pour te poser et faire ta photo. Bon, on l'aura vu mais on s'attendait à mieux ! Après cette dernière photo, il est temps de prendre la route du retour mais on profitera d'avoir la voiture pour s'arrêter à Ikea compléter nos achats pour l'appart et aussi faire des courses dans un Walmart (histoire de ne pas payer une blinde, pour une fois)

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C'est tout pour le moment, la suite au prochain épisode !
J'en garde un peu pour la suite, c'est plus difficile de bombarder de photos quand c'est la vraie vie que quand c'est un voyage temporaire... (étonnant ?)